La réglisse, nous la connaissons tous !
Cette confiserie noire qui se présente généralement sous forme de rouleau, et qui a bercé toute notre enfance. Mais saviez-vous que ce bonbon qui n’était certes pas au gout de tout le monde mais très connu quand même est en fait une plante ?
Eh bien oui, la réglisse est une plante herbacée vivace originaire d’Europe et d’Asie. Elle est caractérisée par des racines ligneuses qui disposent de propriétés thérapeutiques remarquables.
Mais d’abord voyons voir l’aspect botanique de cette plante :
La réglisse fait partie de l’embranchement des Spermaphytes appelées « plantes à graines » et du sous-embranchement des Angiospermes surnommés « plantes à fleurs ». La plante est également incluse dans la classe nouvellement définie des Eudicotylédones.
Il existe aujourd’hui une trentaine d’espèces du genre Glycyrrhiza originaires du bassin méditerranéen, d’Europe et d’Asie. G. glabra est l’espèce la plus utilisée dans le commerce. On trouve également G. uralensis (Gan Cao) et G. inflata qui sont traditionnellement utilisées dans la médecine chinoise.
L’effet thérapeutique de la réglisse n’est pas récemment connu. En effet, a réglisse a été bien connu des Grecs anciens qui l’avaient nommée glycyrrhiza (racine sucrée), de glukos (sucre) et riza (racine), par la suite, elle a commencé à être cultivée à partir du XIIIe siècle en Europe méditerranéenne.

La réglisse a également été utilisée en Chine pour tonifier le Qi et l’énergie vitale. Depuis quelques années les bienfaits médicinaux liés à la réglisse intriguent et attirent de plus en plus de chercheurs scientifiques.
La réglisse est-elle efficace contre les virus ?
Biensur ! c’est dailleurs l’une de ses principales propriétés ; La réglisse contient plus de 20 triterpénoïdes et près de 300 flavonoïdes. Parmi eux, la glycyrrhizine (GL), l’acide 18β-glycyrrhétinique (GA), la liquiritigénine (LTG), la licochalcone A (LCA), la licochalcone E (LCE) et la glabridine (GLD), qui selon les scientifiques sont des molécules possédant des propriétés antivirales et antimicrobiennes.

Il a été admis scientifiquement que certaines molécules telles que GL et GA peuvent affaiblir les activités virales en inhibant l’expression et la réplication des gènes du virus, en réduisant la force d’adhésion, le stress et en réduisant la liaison de HMGB1 à l’ADN. Elles peuvent également améliorer les activités des cellules hôtes en bloquant la dégradation de l’IκB, en activant la prolifération des lymphocytes T et en supprimant l’apoptose des cellules hôtes.
Les flavonoïdes quant à eux, en particulier les chalcones, jouent un rôle important dans le traitement des infections bactériennes en diminuant l’expression des gènes bactériens, en inhibant la croissance bactérienne ainsi qu’en réduisant la production de leur toxines.
De nombreuses études in vitro et sur des animaux démontrent en effet que la glycyrrhizine et ses dérivés sont capables de réduire l’activité de nombreux virus, en particulier ceux de l’hépatite B et C, de la grippe, de l’herpès, du SRAS (syndrome de détresse respiratoire aiguë) et du sida.
Par ailleurs, 2 essais auprès de patients infectés par le virus du sida en 1989, ont montré qu’un extrait de réglisse administré par voie intraveineuse était capable de stimuler la production de certaines cellules immunitaires (les lymphocytes T) et d’une substance antivirale, l’interféron.
Dans de nombreux pays africains dont les systèmes de soins de santé sont peu développés, les virus et les bactéries sont des sources importantes de maladies. Selon les statistiques, plus de de 2 milliards de personnes ont été exposées au VHB dans le monde, et la situation dans ces pays d’Afrique est beaucoup plus grave. Les chercheurs estiment qu’un développement de médicaments efficaces et abordables liés à la réglisse pourrait introduire des améliorations spectaculaires dans le traitement des nombreuses maladies courantes notamment les infections virales des populations du tiers monde.

Effet de la réglisse sur l’inflammation :
L’activité anti-inflammatoire via la glycyrrhizine et de l’acide glycyrrhétique de la réglisse a été étudiée sur des modèles de macrophages stimulés par des lipopolysaccharides (LPS). Il a été démontré que tous les deux inhibent t l’activation des facteurs impliqué dans l’expression de gènes codant pour des molécules pro-inflammatoires tels que e (TNFα) et l’interleukine 1 (IL-1) qui sont à l’origine de l’inflammation.
Et le cancer ?
Eh bien il a également été démontré que la réglisse pouvait être bénéfique dans le traitement des cancers tels que le côlon, foie, utérus, prostate, mélanome et celui du poumon.
Une étude in vitro a évalué les effets d’un extrait de réglisse sur des cellules cancéreuses, les résultats ont montrés que la réglisse inhibait la prolifération de cette lignée cellulaire induisant leur apoptose (mort programmée)
Par ailleurs, un médicament japonais à base de réglisse administré aux patients atteints d’hépatite C chronique afin d’améliorer le taux sérique d’alanine aminotransférase (ALT) a serait susceptible de prévenir l’apparition de cancer du foie lorsqu’il est Utilisé à long terme.
Maladies digestives :
La réglisse est au niveau des muqueuses, cicatrisante et anti-inflammatoire ses constituants (les saponosides, dont la glycyrrhizine, le principal) augmentent la sécrétion de mucus gastrique, diluant ainsi le contenu acide de l’estomac.
La réglisse contribue aussi à prévenir et à soigner l’ulcère gastrique, ainsi que l’ulcère duodénal causé par Helicobacter pylori. Il semblerait que la réglisse inhibe l’adhésion de la bactérie ulcérogène, H. pylori, à la muqueuse
Autres vertus liés à la réglisse :
La réglisse n’a pas fini de nous surprendre, en effet, d’autres propriétés de la réglisse font l’objet de publications notamment :
- L’Amélioration des troubles de mémorisation et des troubles liés à la maladie d’Alzheimer : la glycyrrhizine, l’acide glycyrrhétique, l’isoliquiritigénine et la liquiritigénine diminuent in vitro l’accumulation du peptide β-amyloïde impliqué dans la formation de la plaque sénile.
- Activité antidépressive et hypnotique : Son efficacité s’est avérée être comparable à celle de l’imipramine et d’autres antidépresseurs
- Maladies de la peau (eczéma, psoriasis, herpès et dermatite) : l’application d’un gel contenant 2 % d’acide glycyrrhizinique (extrait de la réglisse) a permis d’atténuer les rougeurs, l’oedème et les démangeaisons chez 30 personnes souffrant d’eczéma, d’autre résultats positifs ont aussi été obtenus pour traiter le psoriasis et les lésions aux lèvres ou aux parties génitales causées par le virus de l’herpès simplex
- Activité antidiabétique : La réglisse a montré des effets bénéfiques dans la prévention et le traitement des complications du diabète.
Y’a-t-il un risque de toxicité lié à la consommation de la réglisse ?
Eh bien non ! La réglisse est une plante médicinale et alimentaire, elle n’est donc pas toxique par nature. Toutefois son usage inconsidéré peut entrainer des troubles consécutifs à l’action minéralocorticoïde exercée au niveau du tissu rénal
La juste dose :
- Usage interne : décoction de racines séchées à raison de 1 cuillère à café par tasse. Laisser infuser 10 min, en suite filtrer
- Usage externe : décoction de 200 g de bois de réglisse par litre d’eau, en gargarismes ou bains de bouche.
- Thé : associée aux certaines fleurs comestibles comme le jasmin et les fleurs d’hibiscus,
- Sirop : une quantité concentré de réglisse à diluer
Alors mesdames et messieurs ne sous-estimez pas la réglisse, il ne s’agit pas que de friandise, c’est bien plus que ça !
Bibliographies
- https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-03027311/document
- https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4629407/
- The effect of Echinacea purpurea, Astragalus membranaceus and Glycyrrhiza glabra on CD69 expression and immune cell activation in humans. Brush J, Mendenhall E, et al. Phytother Res. 2006 Aug;20(8):687-95.
- The effect of Echinacea purpurea, Astragalus membranaceus and Glycyrrhiza glabra on CD25 expression in humans: a pilot study. Zwickey H, Brush J, et al. Phytother Res. 2007 Nov;21(11):1109-12.